Chaire Interdisciplinaire de la première ligne
Le Fonds Dr. Daniël De Coninck est géré par la Fondation Roi Baudouin

Newsletter n°4

Mars 2021

Mini-enquête

Comment souhaitez-vous être tenu.e au courant de nos recherches ?

Les informations concernant les activités de Be.Hive sont disponibles sur le site Internet mais nous aimerions connaitre vos préférences pour recevoir nos informations de manière dynamique en cliquant ici.

WP1 : appui à la structuration de la première ligne

Les recherches et les activités en appui à la première ligne se poursuivent et se déclinent au travers de différentes recherches menées par le WP1. Néanmoins, comme plusieurs des thématiques sont interreliées, certains sujets sont également abordés dans d’autres WP. En effet, comment réfléchir la configuration optimale des pratiques de groupe en première ligne, sans penser aux patients vivant des situations complexes (thème du WP3) ? Comment envisager le skill-mix nécessaire à la pratique de groupe ‘optimale’, sans investiguer les compétences des professionnels qui font partie de ces pratiques (thème du WP4), ou de l’engagement communautaire de ces pratiques, dans lesquelles les citoyens sont invités à prendre part (thème du WP2).
Nous présentons ici quelques-unes des recherches, et leur état d’avancement.

La configuration optimale des pratiques de groupe en première ligne

Hubert Jamart poursuit une revue littéraire systématique sur le thème de la configuration optimale des pratiques de groupe en première ligne. Qu’est-ce qui conditionne cette configuration ? Malgré son investissement auprès des patients dans sa propre pratique et la charge de travail augmentée en raison de la pandémie, il a pu continuer ses activités de recherche pour sa thèse de doctorat. Il présentera des résultats intermédiaires lors d’un webinaire lors de la semaine de la recherche en première ligne (26-30 avril 2021, lire plus loin).

Hubert Jamart, médecin généraliste et doctorant à l’ULiège

Un programme d’auto-évaluation des pratiques et du fonctionnement interdisciplinaire

Madeleine effectue sa thèse sur le programme DEQuaP, pour l’acronyme « Développons ensemble la qualité de nos pratiques ». DEQuaP est un programme d’auto-évaluation des pratiques et du fonctionnement des pratiques interdisciplinaires de la première ligne, comme des maisons médicales. Cocréé à l’aide d’une recherche-action, ce programme a pour but de dynamiser la culture qualité au sein de la Fédération des maisons médicales. Madeleine présentera l’approche proposée pour l’évaluation lors de la semaine du 26-30 avril : une approche réaliste de programme, afin de comprendre dans quelle mesure le programme DEQuaP permet aux maisons médicales de s’approprier, d’adopter et d’intégrer la culture qualité.

Madeleine Capiau, infirmière et doctorante à l’UCLouvain

La responsabilité sociale du médecin généraliste

Louis Van Maele étudie la responsabilité sociale du médecin généraliste. Comment le concept de responsabilité sociale est-il défini au sein de la littérature ? Comment les médecins généralistes en Belgique francophone perçoivent-ils et appliquent-ils leur responsabilité sociale ? Deux grandes phases structurent sa thèse. La première phase consiste à clarifier le concept de responsabilité sociale du médecin à l’aide d’une scoping review. La seconde phase correspond à une étude mixte au design séquentiel explicatif, guidé par une théorie de la motivation.

Louis Van Maele, médecin généraliste et doctorant à l’UCLouvain

Les pratiques & expériences professionnelles au temps de la COVID19

Béatrice Scholtès a participé à deux études en lien direct avec la pandémie. L’une portant sur les expériences (psychologiques, cliniques et organisationnelles) des professionnels travaillant dans trois maisons médicales dans la région de Liège. La deuxième étude est sur la mise en œuvre de centres de tri précliniques. Les deux recherches font appel à des méthodes mixtes. Ces deux études sont en cours d’analyse. Enfin, Béatrice est également la chercheure principale d’une étude financée par le SPF Santé publique sur une comparaison internationale quant aux pratiques et aux conditions actuellement en place concernant l’administration de vaccins par des infirmiers, sages-femmes et pharmaciens d’officine. Cette étude a été menée en collaboration avec Anne Spinewine et Stéphanie Valentin (Louvain Drug Research Institute, et Faculté de Pharmacie et Sciences Biomédicales Clinical Pharmacy Research Group (LDRI/CLIP), UCLouvain) et Thérèse Van Durme. L’étude est terminée et en attente d’autorisation de publication par le SPF.

Béatrice Scholtès, chercheure post-doctorale à l’ULiège

Des recommandations pour la pratique fondée sur des données factuelles

Jean-Luc Belche a collaboré activement avec le Centre d’Appui Scientifique Universitaire (CASU), le collège de Médecine Générale, la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et l’AFRAMECO (l’Association des Médecins Coordinateurs et Conseils des MR/S), afin de fournir des recommandations, fondées sur des données factuelles, aux médecins et prestataires des MR/S durant la pandémie. Ces recommandations sont publiées et disponibles sur le site de la CMG.

Jean-Luc Belche, médecin généraliste et professeur à l’ULiège

Un MOOC pour les soins intégrés

Jean Macq a réalisé un MOOC (Massive Open Online Course), un cours gratuit en ligne, sur l’organisation de réseau et la coordination des soins avec un focus sur la première ligne de soins. Ce cours sera disponible en ligne à partir de septembre 2021. Il a également entamé avec la PAQS un processus de réflexion autour de l’intégration des soins en utilisant un référentiel développé par HSO canada.

Jean Macq, professeur à l’UCLouvain

Évaluer l’innovation en santé et la co-construction de l’approche quartier

Anne-Sophie Lambert a interrogé dans sa thèse différentes approches méthodologiques permettant d'évaluer l'innovation en santé - d'abord à partir de la réforme Protocole 3 et des interventions de case management (innovation service), - ensuite à partir des projets de soins intégrés (innovation systémique). En tant que postdoctorante, elle co-construit avec des habitants, des professionnels de la santé et du social et des fonctionnaires communaux, un projet de recherche qui a pour objectif de développer dans un quartier vécu (défini comme la superposition des bassins de vie des personnes qui font le quartier), une nouvelle forme de solidarité (solidarité organique) comme soutien à la santé des différentes personnes qui font le quartier dans toutes ses dimensions physique, mentale et sociale et en considérant l'ensemble de ses déterminants. Ce projet s'inscrit dans une approche de soins communautaires intégrés. Il repose sur des méthodes de recherche action participative, une vision systémique et une évaluation développementale.

Anne-Sophie Lambert, kinésithérapeute et chercheure post-doctorale à l’UCLouvain

Forces et faiblesses de la première ligne wallonne au moment de la première vague

Thérèse Van Durme a pu interroger quelques acteurs-clé de la première ligne wallonne, sur la manière dont ils percevaient les forces et faiblesses de la première ligne, au travers d’incidents critiques qu’ils ont vécus durant la première vague de la Covid-19. Ces acteurs-clé sont des représentants de 10 métiers de la première ligne wallonne et font partie de la Plateforme de la Première Ligne Wallonne (PPLW, membre de Be.Hive). Les données d’entretiens quasi-hebdomadaires avec ces acteurs, couplées à celles de documents publiés en parallèle, ont permis d’identifier huit domaines où la résilience de la première ligne – sa capacité à s’adapter au choc de la pandémie – a été mise à l’épreuve et où des pistes concrètes sont proposées pour améliorer sa structure. Le rapport est en cours de validation par la PPLW. En outre, elle a coordonné une recherche financée par l’AViQ, quant à l’impact de la Covid-19 sur les structures d’hébergement collectifs wallons, pour les personnes âgées et celles en situation de handicap. Cette étude, menée conjointement avec la Plateforme pour l’Amélioration de la Qualité et de la Sécurité des patients (la PAQS) et le Réseau Associatif pour la Qualité (le RAQ), avait trois objectifs (1) Comparer les normes de qualité existantes pour les structures d’hébergement collectifs wallons, accueillant des personnes âgées et en situation de handicap, aux référentiels internationaux. (2) Analyser les pratiques d’interaction de ces structures, avec d’autres acteurs et professionnels de soins de santé, externes aux structures. (3) Identifier et discuter les recommandations de bonnes pratiques permettant au Cabinet wallon et à l’AViQ de définir les actions à court et moyen terme, afin d’aider ces structures à préparer leurs actions pour faire face à la suite de l’épidémie du COVID-19. Le rapport est disponible via ce lien.

Thérèse Van Durme, infirmière et docteur en Santé Publique à l’UCLouvain et coordinatrice de Be.Hive

WP2 : Participation et engagement personnel et communautaire dans les soins et l'aide

En début 2020, fut présenté le premier Livre Blanc de Be.Hive, fruit des recherches menées jusque-là afin d’établir un état des lieux de la 1ère ligne en Belgique francophone et prioriser les recherches futures. Au sein du WP2, l’accent a été mis sur l’engagement communautaire en santé. Pour développer cet axe de recherche, différentes actions ont été mises en œuvre afin d’étudier cette question sous différentes perspectives.

Une vaste enquête a ainsi été menée entre le mois d’octobre et novembre 2020 afin d’explorer les pratiques de santé communautaire entreprises au sein des organisations de la première ligne. Malgré la seconde vague de l’épidémie de COVID-19, le questionnaire a été rempli par 220 participants, soit 12% du public investigué. Les données sont en cours d’analyse et permettront d’orienter l’étude qualitative qui sera effectuée au premier trimestre 2021, qui se veut être un prolongement de cette première étude quantitative. Parmi les besoins exprimés par les participants pour aider l’implémentation de ce type de pratique, se retrouve le partage de bonnes pratiques entre des professionnels. C’est pourquoi des communautés d’apprentissage vont également être mises en place dans le courant de l’année 2021. Près de 100 structures ont déjà marqué leur intérêt pour ce dispositif.

Le thème de l’enseignement est également important au sein de la Chaire Be.Hive et fait partie du quintuple objectif. Un groupe de travail inter-WP a été constitué afin de travailler sur cette thématique. Face à ce vaste domaine, le choix s’est finalement porté sur l’intégration des besoins des acteurs de la première ligne de soin et d’aide dans les innovations pédagogiques des établissements d’enseignement supérieur en santé. De manière plus spécifique, cette recherche s’effectuera de manière combinée au sein du WP2 et du WP4 par une étude de cas multiples en lien avec les compétences liées à la notion de « patient-partenaire » et aux pratiques collaboratives interprofessionnelles.

En collaboration avec le LEPS de l’Université de Paris Sorbonne, « Laboratoire Educations et Pratiques de Santé », une analyse préliminaire des pratiques d’enquête liées au COVID-19 a été menée afin de décrire celles-ci en termes : d'appropriation des messages de prévention, de la perception des mesures actuelles et futures, des comportements de la population ainsi que de leur impact. Les résultats indiquent la nécessité de considérer tout citoyen comme réel partenaire de santé et faisant partie d’une communauté, en tant que soutien, particulièrement en temps de crise sanitaire. Une étude plus approfondie de ces enquêtes va être entamée lors du premier quadrimestre 2021.

La pandémie a aussi suscité un questionnement sur le vécu des patients et des professionnels de santé concernant la gestion d’une maladie chronique pendant une crise sanitaire, et notamment en ce qui concerne le devenir des pratiques éducatives. Deux mémoires sont ainsi menés en parallèle, dont l’un est réalisé en multicentrique avec le LEPS. La collecte des données a débuté en février.

Ces deux derniers volets de recherche interrogent tout particulièrement la capacité de notre système de santé à investir dans les citoyens / patients en tant que véritables acteurs de santé.

WP3 : vécu des personnes en situation complexe

Melting-point: analyse qualitative du recours aux soins de première ligne par les personnes en situation vulnérable en Région de Bruxelles-Capitale.

Nous mettons l’accent sur 2 recherches menées en lien avec la Covid-19 par des membres du WP3. Il s’agit d’un retour sur l’étude Melting-point et d’une première ébauche des résultats concernant les « victimes collatérales de la crise sanitaire ».
Sophie Thunus (IRSS, UCLouvain), Carole Walker (IRSS, UCLouvain), Alexandre Donen (Institut de sociologie, ULB) et Alexis Creten (IRSS, UCLouvain)

L’étude "Melting-Point", commanditée par l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, s’intéresse à l’accès et au recours aux soins de première ligne pour les personnes en situation de vulnérabilité. L’étude porte sur l’accessibilité financière, matérielle et géographique des soins, mais elle examine plus particulièrement les éléments relationnels qui influencent l’accès et le recours, ou le non-recours.

Quand la pandémie de la Covid-19 a débuté, l’équipe a décidé de poursuivre la recherche dans le respect des mesure sociales et sanitaires. Les entretiens ont donc été réalisés selon des modalités adaptées. Le sujet de la recherche n’a pas été modifié, mais les personnes que nous avons rencontrées se sont exprimées sur l’influence de la crise sur leur santé, directement ou en altérant l’équilibre, fragile, de leur situation.

  • Première observation : dans un contexte de vulnérabilité, le confinement est double. C’est un sur-confinement. L’isolement social qui peut accompagner la monoparentalité féminine est amplifié, dans les logements exigus, les habitants étouffent, les tensions sont exacerbées, les violences intrafamiliales augmentent et les (rares) relations qui servaient d’échappatoire, par exemple au travail, dans une association ou avec un médecin, n’existent plus.
  • Deuxième observation : les services sociaux et de santé, par exemple les maisons médicales, jouent un rôle qui ne se limite pas à leurs activités formelles. Ils constituent des espaces multifonctionnels et de sociabilité : on y trouve de l’écoute, un relai vers d’autres services, une prise de courant pour recharger son téléphone... Les situations de (grande) vulnérabilité risquent fortement de se détériorer pendant la crise.
  • Troisième observation : cette rupture apparaît d’autant plus problématique qu’elle met en danger une communication (information sanitaire, messages de prévention, et téléconsultation), déjà fragile, entre les autorités de santé et les prestataires de soins d’une part, et la population d’autre part.

Les situations de vulnérabilité, telles que définies ici, constituent des priorités vers lesquelles diriger les mesures d’aide et de support (social, psychologique, technologiques, etc.) aux services et à la population.

Références: Fleury, C. 2019. « Le soin est un humanisme ». p 17. Tracts. Gallimard. Paris.

L’impact de la crise sanitaire sur les patients non-Covid

Jessica Mellier (ULB), Fabian Defraine (HELB-ULB), Léa Di Biagi (ULB), Dr. Quentin Vanderhofstadt, Pr. Marco Schetgen (ULB), Pr. Jennifer Foucart (ULB), Pierre D’Ans (HELB, coord WP4.), Pr. Céline Mahieu (ULB, coord. WP4), Pr. Ana Bengoetxea (ULB)

Jessica Mellier réalise sa thèse en collaboration avec le WP3 et le WP4. Dès le début de la pandémie Covid-19 en Belgique, l’équipe du WP4 a étudié les impacts de cette crise sanitaire sur les collaborations interprofessionnelles. Des entretiens menés auprès de soignants et travailleurs sociaux ont été réalisés.

Les premières analyses mettent en évidence l’impact de l’arrêt de certains soins qualifiés de « non-essentiels » (ergothérapeutes, logopèdes, kinésithérapeutes, ostéopathes…) sur la vie des personnes lors du 1er confinement. Ces résultats viennent donc nourrir les réflexions du WP3 en mettant en évidence une aggravation des situations complexes vécues par les patients.

Plusieurs raisons à l’arrêt de ces soins ressortent des entretiens : prérogatives et recommandations ; crainte de contamination et/ou perte de revenus limitant l’accessibilité à certains soins.

Les observations faites par certains soignants nous amènent à penser que le maintien de l’autonomie des personnes âgées et l’accompagnement des douleurs chroniques n’ont pas été des objectifs thérapeutiques considérés comme essentiels, ni prioritaires dans le système de soin au moment de la première vague de cette pandémie.

Cette crise mettrait en lumière une situation préexistante. Quand les problématiques de vie ne remettent pas en cause la survie du patient celles-ci semblent peu prioritaires. Et pourtant, il apparait qu’elles soient parties prenantes des situations complexes (cf enquête/livre blanc Be.Hive)

Autres recherches du WP3

  • Anne Ledoux, ergothérapeute, doctorante à l’UCLouvain et enseignante à la Haute Ecole Vinci: Quelles actions préventives peuvent être mises en place avec les personnes âgées pré-fragiles, vivant en contexte urbain, pour favoriser le “Healthy Aging in Place”? Point de vue des professionnels, des aidants proches et des personnes âgées vivant dans la Région de Bruxelles Capitale.
  • Lucia Alvarez Irusta, infirmière et doctorante à l’UCLouvain: Comment les professionnels de la première ligne collaborent-ils pour prodiguer de soins adaptés aux besoins et aux préférences de la personne souffrant de plaie.s chronique.s en situation complexe ? Dans quels contextes et pourquoi ils réussissent à le faire ? Etude, réalisée en Belgique francophone, visant des personnes en situation complexe, ses aidants proches et le réseau des professionnels qui les entourent.
  • Kathy Delabye, infirmière, doctorante à l’UCLouvain et enseignante à la Haute Ecole Vinci: L’hospitalisation à domicile comme étude de cas pour l’interaction entre deux lignes de soins.
  • Romy Van Noppen, infirmière, doctorante à l’UCLouvain et enseignante à l’HENALLUX: le case management comme nouveau modèle de soins pour les personnes vivant une situation complexe chez elles : clarification conceptuelle dans les écrits internationaux et auprès des parties prenantes en Belgique francophone.

WP4 : la collaboration interprofessionnelle

Covid-19 et collaboration interprofessionnelle

En mars 2020, le WP4 lançait une recherche visant à comprendre les impacts de la Covid19 sur la collaboration interprofessionnelle en Wallonie et à Bruxelles.

Elle est fondée sur une triple méthodologie : des entretiens qualitatifs approfondis effectués auprès de plus de 80 professionnels en pratique libérale ou institutionnelle (infirmier.e.s, médecins, kinés, ostéopathes, travailleurs sociaux etc.), des études de cas (au sein de structures), de l’analyse de documents (procédures, consignes, newsletter, forum, etc.).

    Cette recherche livre déjà ses premières analyses sur la manière dont la crise de la covid19 affecte/révèle/accélère … :
  • La prise en charge des populations vulnérables (migrants, sans abris, assuétude) : La crise a-t-elle favorisé une prise en charge de ces publics en-dehors du système de santé publique de 1ère ligne classique ?
  • Les échanges d’informations entre les professionnels (outils, modalités, collecte de données, etc.) : La crise a-t-elle accéléré le développement et le déploiement d’outils informatisés d’échange d’information ? Quels freins sont apparus ? Comment ces outils ont-ils été impacté par des formes de structuration de l’information par métier ?
  • La collaboration entre 1ère et 2ème ligne : Est-on passé de solutions de collaboration ad hoc en 1ère vague à des processus de structuration et de formalisation de ces échanges entre lignes lors de la 2ème vague ?
  • La prise en charge des douleurs chroniques : La crise a-t-elle favorisé une moindre identification des douleurs chroniques des patients par les professionnels ?
  • La dégradation des conditions de travail dans les secteurs du soin et de l’aide: Dans quelles conditions et pour quels métiers a-t-on assisté à une augmentation de la part de « dirty job » (travail pénible, mal reconnu) ? Comment a-t-il été réparti entre professionnels ? Comment le travail émotionnel des soignants et leur rapport à leur métier a-t-il évolué ?
  • L’épuisement professionnel des soignants : Quelles sont les formes, prises en charge et impacts de l’épuisement professionnel des personnels soignants ? A-t-il évolué aux différentes étapes de la crise ?

En parallèle de l’analyse des données récoltées lors de la 1ère vague, nos chercheurs se mobilisent actuellement pour compléter leurs données récoltées pour deux raisons : tester la validité de leurs constats (ce processus est induit par la méthode employée, la Grounded theory) ; comprendre les impacts de la crise de la Covid19 durant les deuxièmes et troisièmes vagues. Ces nouvelles données permettront de comprendre quelles ont été les similitudes et les évolutions des impacts de la crise covid sur la collaboration interprofessionnelle entre les vagues.

Pour des diagnostics locaux social-santé collaboratifs à Bruxelles

Comment définir un périmètre/territoire d’action adapté ? Comment mieux identifier les besoins des habitants et leur vécu par rapport à l’offre actuelle de soins et d’accompagnement ? Comment savoir quelles sont les ressources mobilisables en matière sociale et sanitaire? Afin d’être en mesure d’orienter l’action sur leur territoire (quartier, commune ou région) et de rencontrer les défis qui sont propres à celui-ci en matière sanitaire et sociale, les acteurs locaux, professionnels et habitants, ont besoin d’outils de collecte de données et d’analyse adaptés à leurs objectifs et à leurs spécificités territoriales L’imbrication des problématiques sociales et de santé plaide pour des démarches de diagnostic locales et collaboratives, impliquant les acteurs professionnels de différents secteurs et les habitants eux-mêmes.

Durant l’année 2021, l’Ecole de santé publique de l’ULB - et plus particulièrement le Professeur Céline Mahieu et la doctorante Léa Di Biagi (WP4) - contribuent à élaborer et tester une telle démarche de diagnostic local social-santé collaboratif. Ce projet, financé par l’Observatoire de la Santé de Bruxelles, s’établit dans le cadre d’un consortium interdisciplinaire et complémentaire avec le Crebis, l’IGEAT et le CDCS de l’ULB et le Cirtes de l’UCL.

De nombreux outils de diagnostic existent déjà et les acteurs de terrain comme les experts en ont éprouvé les forces et les faiblesses, les perspectives et les angles morts, les conditions dans lesquelles ils sont utiles et celles dans lesquelles ils ne fonctionnent pas. Des acteurs de terrain, des experts, et la littérature seront donc mobilisés dans notre processus de recherche pour combiner les savoirs expérientiels, théoriques et professionnels et ancrer les propositions que nous ferons dans les spécificités des territoires bruxellois.

L’outil créé favorisera l’autonomie et la collaboration entre professionnels de terrain dans la réalisation de diagnostics locaux social-santé adaptés à leurs objectifs. Afin de répondre au mieux aux besoins spécifiques et hétérogènes des acteurs de terrain, le consortium sera vigilant à l’adaptabilité de l’outil.

La question du territoire est un enjeu central pour la recherche du WP4 qui le place comme un facteur déterminant de la collaboration interprofessionnelle et intersectorielle (notamment entre les acteurs de la santé et de l’accompagnement social). La participation à ce projet viendra nourrir le travail sur cette question déjà entamé lors de la diffusion du questionnaire BeHive et à travers les thèses des doctorants.

Ancrer l’evidence-based en ostéopathie dans les réalités de terrain

Dans sa quête de baser la pratique ostéopathique sur les preuves, l’unité de recherche en sciences de l’ostéopathie de l’ULB, et plus particulièrement le Professeur Ana Bengoetxea du WP4, travaille sur un projet de recherche clinique. Il s’agit de vérifier l’efficacité de la prise en charge ostéopathique dans le cadre des cervicalgies chroniques.

    Dans ce projet que nous menons en collaboration avec les services d’orthopédie des hôpitaux Iris-Sud et Saint Pierre, nous avons préparé un protocole expérimental selon la méthodologie de la recherche clinique. Prouver l’efficacité d’une intervention repose sur deux critères-clés :
  • la comparaison du traitement étudié avec la prise en charge qui ait fait ses meilleures preuves jusqu’au moment présent ;
  • la répartition aléatoire des patients dans ces deux groupes.

De façon très intéressante, nous avons pu constater, depuis deux ans maintenant, qu’il est très difficile de pouvoir répondre au deuxième critère pour la simple raison que les patients qui choisissent la voie directe d’une prise en charge ostéopathique ne se retrouvent pas dans la consultation du médecin qui effectue le recrutement pour l’étude et, de façon symétrique, les patients qui arrivent avec ses douleurs cervicales chroniques à la consultation du médecin spécialiste ne sont pas nécessairement ouverts à être traités par un ostéopathe. Face au constat que les patients ont déjà fait leur choix en ce qui concerne le type de prise en charge qu’ils souhaitent, notre projet s’enrichit actuellement d’une collaboration avec l’hôpital Erasme, et le responsable du bureau du partenariat patient (https://polesante.ulb.be/version-francaise/le-bpp). Elle vise à mettre en place un questionnaire qui nous permettra d’identifier le choix et les raisons du choix de chaque patient qui participera à cette étude qui concerne les cervicalgies chroniques. Nous sommes séduits par l’idée que ce sondage permettra d’ouvrir la vision d’une première ligne de soins adaptée aux choix thérapeutiques des citoyens et patients.

Vous êtes un professionnel de la 1ère ligne de santé et vous souhaitez participer à notre recherche, contactez-nous à l’adresse suivante : celine.j.mahieu@ulb.be.

Save the date !

Invitation à participer à nos webinaires lors de la « semaine de la recherche en première ligne », en collaboration avec la chaire de la première ligne flamande « Academie voor de eerste lijn ». La semaine du 17 mai a été retenue. Suivez-nous sur nos réseaux sociaux pour plus d'informations à ce sujet.